Ça courrait dans tout les sens, Eralius à la manœuvre tel un chef d’orchestre rythmant les accords d’une symphonie inédite. Il avait fait venir les meilleurs spécialistes obloyers pour composer l’œuvre qui allait naître tout spécialement à l’occasion Les uns affairés autour des marmites de cuivre placées sur un feu vif des poêles, les autres à l’épluchage des baies roses à la saveur exquise répondant au doux nom savant de « Rubus chamaemorus ». Ici ceux qui pesaient et préparaient les ingrédients venus des quatre coins du monde… dont ces fameuses cosses collectées d’un arbre, le « Theobroma Cacao » qui portait bien son nom, Theobroma signifiant « nourriture des dieux » dans la langue de l’ecclésiaste. En effet une fois torréfiées, concassées, broyées puis soumises au malaxage avec des produits laitiers et du sucre, ces fèves magiques fournissaient cette pate brune et onctueuse dont tous les garnements et galopins raffolaient…Le Chocolat.
Eralius avaient constituait plusieurs groupes, tous habillés de blancs tabliers et de toques. Et un tout spécialement s’occupait à la confection de cette pate qui ne laisse pas indifférentes les papilles de quiconque…Les effluves savoureuses et sucrées commençaient à se répandre dans la salle.
Eralius était près d’un groupe d’obloyers et leur dictait :
« Montez en mousse les 3 œufs avec la moitié de sucre semoule … stop stop pas plus de 30 g… voilà… maintenant incorporez le mélange sucre glace, la poudre d’amande, la farine et le cacao … mélangez bien… »
Puis se tournant vers 2 autres gens qui se tenaient prêt il leur dit :
« Allez y, montez les blancs d’oeufs en neige ferme et ajoutez-y les 30 g de sucre semoule restant … »
Il attendit que la magie s’opère, la transformation de ce blanc translucide et visqueux en mousse ferme et blanche pour entonner :
« Maintenant incorporez les blancs d’œufs en neige à la préparation ici là puis étalez la mixture sur une plaque à pâtisserie, lissez avec une spatule et enfournez moi ça dans le four à pain à 180°C pendant 10 min pas plus » dit-il en s’éloignant pour se rapprocher d’un troisième groupe qui attendaient les ordres. En chemin il marmonna tout bas, « mon biscuit joconde au chocolat, ça c’est fait ».
« Bon vous vous en êtes où ?... Vous avez bien porté le lait à ébullition avec la vanille avant de le verser délicatement tout en mélangeant sur la mousse de jaunes d’œufs battus avec le sucre et vous avez bien remis la préparation sur feu doux tout en la remuant avec cette cuillère en bois ?... faite voir » dit-il. Il prit la cuillère et vérifia que cette crème nappait bien la cuillère, signe que la viscosité était parfaite et il la gouta : « Parfait » s’exclama-t-il.
« Retirez la crème anglo-saxonne du feu et laissez la tiédir à température ambiante » ordonna-t-il. Il héla alors le groupe qui préparait cette fameuse pate onctueuse brune, appelée donc chocolat :
« Vous la-bas…venez verser le chocolat fondu, 200cl, pas plus vous entendez, dans cette crème et incorporez les feuilles de gélatine ramollies dans l’eau froide, là… et attendez que la crème ait bien tiédi, avant d’incorporer 25 cl de crème liquide entière fouettée. Puis avec les 50 cl de chocolat fondu restant rajouter 50 g de crème fraîche liquide et les 30 g de sucre glace… mais non !!! Dans un autre récipient, c’est pour le glaçage» dit-il en s’éloignant et en haussant les épaules… « il ne manquerait plus qu’ils me chi… heu… pardon mon Dieu… qu’ils me loupent ce gateau…pffffff » marmonna-t-il à nouveau…
Il revint vers le premier groupe, 10 minutes s’étaient écoulées « Mais bon Dieu… !!! heu … Mais nom d’une pipe (à fumer), sortez moi ce gâteau du four à pain !!! »
« Ils m’épuisent » pensa-t-il. « Et découpez un disque de ce biscuit joconde au chocolat de 20 de diamètre et placez-le dans un cercle à pâtisserie de 22 cm de diamètre tapissé et beurré; Puis répartissez les framboises sur le biscuit joconde Et ajoutez la crème bavaroise au chocolat, remettez le second disque du biscuit dessus et enfin mettez le tout dans la cave, sur la glace que j’ai fait venir des montagnes, il faut qu’il refroidisse pendant 6h minimum »
Il se retourna vers le Maitre-Obloyer et lui dit : "Il est temps que j’aille dire mes prières, mais n’oubliez pas de répartir le glaçage sur le dessus du biscuit et remettez au frais pendant 1h minimum. Et voilà un magnifique « Miroir chocolat aux framboises » ! »
Eralius marqua un temps d’arrêt, puis il dit une dernière phrase alors qui quitta la pièce « Vous rajouterez en lettres d’imprimerie à l’aide d’un pochoir rempli de crime fraîche : Bonne anniversaire ma reine »